Les 8 et 9 avril, les étudiants des deux promotions de DSAA Espace se sont rendus à Rotterdam. Ces deux jours ont permis de découvrir de nombreux exemples de constructions et réhabilitations contemporaines et de découvrir ce laboratoire de l’urbanisme situé à moins de 2h00 de route de Lille.
Rotterdam, reconstruite en grande partie après la seconde Guerre Mondiale a en effet été précurseur dans la mise en œuvre des principes urbains du mouvement moderne. En résulte aujourd’hui un collage urbain décomplexé constitué de quartiers historiques avec leurs canaux bordés de maisons en brique, d’expérimentations modernes et postmodernes et d’immeubles de grande hauteur de la fin du XXe siècle.
Lors de la première journée, nous avons parcouru la ville à la découverte de quelques petites architecturales. La traversée du quartier centre a notamment permis d’observer quelques espaces publics intéressants : construit au début des années 1950, le Lijnbann, est considéré comme le premier centre commercial piéton en Europe. Formé de deux rues qui se croisent à angle droit, le Lijnbann se structure autour d’une voie piétonne bordée de magasins qui comportent un rez-de-chaussée et un étage. A l’arrière des magasins, une voie de circulation permet la logistique des livraisons et dessert des immeubles de logements plus hauts. Cet espace urbain met en application les principes du mouvement moderne : séparation des circulations piétonnes et motorisées, systèmes constructifs modulaires, façades largement vitrées, etc. et témoigne d’une réflexion fine sur l’échelle du piéton dans la ville. A l’abri des auvents, la rue devient un espace de promenade horizontal en retrait des nuisances urbaines
La suite du parcours a permis de faire étape à Timmerhuis, ce bâtiment municipal construit en 1953 a fait l’objet d’une impressionnante extension et réhabilitation par l’agence OMA (dirigée par Rem Koolhaas). Il accueille aujourd’hui le Musée de la Ville, des services municipaux, un parking souterrain et des logements. L’ancien bâtiment en brique a été conservé, il est désormais surmonté d’une immense ossature métallique. Au sein de cette grille modulaire, les unités répétées s’élèvent en retrait de la rue offrant de grandes terrasses et un apport optimal de lumière naturelle dans les logements. Le bâtiment est pensé comme un espace flexible, aux usages réversibles. Le rez-de-chaussée, traversant, est pensé comme un espace public : dans la cour intérieure, désormais couverte, le système constructif se dévoile, les différents publics se rencontrent.
La suite de la visite a permis de découvrir le Kubujwoningen, ce quartier aux emblématiques maisons cubes imaginé par Piet Blom et achevé en 1984 a été pensé comme un passage urbain sur plusieurs niveaux. Il enjambe les voies de circulation pour reconnecter le vieux port et le quartier centre et accueille un espace public piéton apaisé et ombragé. Une des maisons (la Kijk Kubus Museum House) est ouverte au public, elle permet d’expérimenter la spatialité complexe de ces habitats où les pièces de vie s’enroulent autour d’un escalier central.
Pour se mettre en appétit , nous avons par la suite fait une escale déjeuner au Markthal, ce bâtiment conçu par MVRDV et achevé en 2014 combine astucieusement une halle de marché et des logements : les logements forment ainsi une voûte qui abrite les stands de nourriture et les commerces.
L’après-midi a été consacré à la découverte de l’île de Kop-Van-Zuid : ce quartier de 125 ha. Appartenant autrefois au port de Rotterdam, concentre aujourd’hui les gratte-ciel contemporains les plus remarquables de la ville. La Wilhelminakade, au bord de la Meuse, est l’un des plus célèbres quais de Rotterdam. De 1901 à 1971, il accueillait les navires effectuant la traversée jusqu’à New York. Les gratte-ciel qui bordent la Wilhelminakadefont en moyenne 150 mètres de haut, et ont été conçus par les architectes les plus célèbres du XXe siècle.
Après ces 10 km de marche, le petit verre sur la terrasse de l’auberge de jeunesse était bien mérité !
Les visites du mardi se sont concentrées autour du Museumpark, ce parc conçu par OMA en 1992 concentre les principaux musées de Rotterdam. Parmi eux, Le Nieuwe Instituut abrite des expositions temporaires dédiées à l’architecture et au design. Nous avons particulièrement apprécié la visite des expositions, notamment : “REBOOT : Pioneering Digital Art” révélant l’influence du numérique sur l’art et la société depuis les années 1960. L’exposition “Concevoir les Pays-Bas. 100 ans d’avenirs passés et présents a permis de découvrir le travail de quelques architectes néerlandais et de découvrir les solutions apportées aux risques de submersion d’une grande partie du territoire des Pays-Bas.
La visite de la maison Sonneveld, caractéristique du Nieuwe Bouwen, mouvement architectural des années 1920-1940 apparenté au Mouvement moderne, a clôturé la matinée
Notre voyage s’est achevé par la visite du Kunsthal, conçu par l’agence OMA en 1992. Le bâtiment mérite à lui seul un détour : le plan carré est divisé en quatre parties par deux grands axes de circulation : la rencontre des galeries d’exposition et des circulations provoque des cadrages et des perspectives toujours renouvelées. Chacune des façades est différente, les matériaux sont hétéroclites et les citations architecturales sont nombreuses. Chaque partie du bâtiment dispose de son propre système structurel et les ossatures s’exposent comme les objets d’une collection. Dans les galeries, nous avons pu découvrir plusieurs expositions d’art contemporain, notamment celle consacrée à Sylvie Fleury, qui réalise des installations, des sculptures et des ready-made. Les productions graphiques du studio Rotterdamois 75B ont été également une belle découverte !
Au-delà des découvertes architecturales et artistiques, c’est bien une expérience de la ville néerlandaise contemporaine que nous avons vécu durant ces deux journées inspirantes.